Il est 10h le matin quand Charly nous invite à prendre part à une joyeuse équipée qui se dirigerait le soir même afin de faire l’ascension du volcan Agung. Au rdv de 23h, nous sommes 7 à monter dans les voitures. On sent la nervosité… Et peut-être aussi un peu de naïveté! On s’apprête à attaquer, de nuit l’ascension du plus haut volcan de Bali. Le but étant de pouvoir voir le lever du soleil à 3014m d’altitude sur le toit de ce volcan qui, selon les Balinais, nous rapproche le plus des dieux. Il y avait aussi une double motivation: le volcan Rinjani, situé à Lombok, une ile près de Bali, était entré en éruption depuis trois jours, et il nous serait possible, de là-haut, de voir la trainée de fumée qu’il laisse dans l’air.

Motivés et enjoués, lampes frontales dernier cri allumées ( !)nous démarrons l’incroyablement verticale ascension du volcan. Deux autres groupes de deux randonneurs sont aussi sur le sentier, nous serons donc 11 touristes et 4 guides à tenter d’attendre le sommet de cette nuit là. Nous serons 8 touristes à y arriver.
Dès le départ, nous avons pu sentir que l’aventure serait intense. En effet, l’épaisse couche de terre poussiéreuse faisait creuser chacun de nos pas verticaux. On se rendait donc rapidement compte que chaque pas planté sur le sol friable reculait toujours un peu, en plus d’être susceptible de faire carrément glisser. Quelques regards vers l’immense lune orangée suffisaient alors à nous redonner le courage nécessaire pour avancer sur ce terrain rempli de défis.
Il y avait aussi le ciel qui nous rendait la tâche motivante. En effet, il était rempli d’étoiles ce soir-là! C’était d’une limpidité rarement égalée. De plus, à chacune des quelques petites pauses que nous prenions, nous nous permettions d’éteindre nos lampes. Dans le noir total, nous prenions le temps d’apprécier la beauté et l’immensité de la voute céleste. Plusieurs d’entre nous, dont Charly et moi, ont même eu la chance de croiser le chemin d’une étoile filante!
En court de route, nous avons pris une pause autour d’un autel, afin que le guide puisse prendre le temps de placer des offrandes, d’allumer un bâton d’encens et de prier. Il était clairement important de remercier les dieux, de respecter la montagne sacrée durant l’ascension. J’ai beaucoup apprécié cet accès culturel et religieux, et ce même dans un contexte de survie…

Parce que oui, j’ai vite compris que le niveau de difficulté n’était pas ordinaire. Rapidement, j’ai cherché à trouver un rythme qui me permettrait de viser l’endurance. Après les deux heures de poussière, on est arrivés au sol durci pour d’anciennes coulées de lave. Toujours à la verticale, nous avons amorcé notre montée de deux heures en ligne droite. Je tentais de placer les pieds sur des petites aspérités et devait utiliser mes mains pour m’empêcher de glisser aux omniprésents endroits complètement lisses.
Il y avait longtemps que mes ampoules aux talons étaient crevées, j’avais maintenant les mollets durcis et le bâton de bois ne servait plus à rien sur ce terrain. Il fallait que je vise d’être le plus près possible de la paroi, car elle était tellement verticale que le très minime poids de mon sac me faisait basculer vers l’arrière. Je n’osais pas imaginer le défi que s’était lancé Charly qui traînait son parapente sur son dos dans un tel contexte! Quelle mauvaise surprise que ce terrain!
C’est accompagnée et encouragée par la beauté du ciel, c’est le désir de suivre la lune qui montait dans le ciel, c’est la force du groupe qui m’a menée tout en haut avant le lever du soleil cette nuit-là. Comme j’étais fière d’être là! Je n’ai pas fait un record sur la vitesse de l’ascension, j’ai mis un peu plus de 4 heures, mais 4 heures à cette intensité-là, j’en avais rarement fait! En haut, il faisait très rapidement froid. Il fallait gérer ma réserve d’énergie et me couvrir ce que j’ai de plus chaud avec moi durant cette année. Après avoir fait des offrandes et prié sur l’autel situé sur le bord de l’immense et majestueux cratère ( le plus gros des cratères balinais), les guides nous ont donné du thé et du café balinais, quelques collations et nous avons pu commencer à apprécier la beauté du paysage qui s’offrait à nous…. Nous étions au-dessus des nuages depuis longtemps, et le reflet de la lumière naissante du soleil les rendait déjà colorés. Au loin, juste devant l’endroit où le soleil prendrait sont envol nous pouvions apercevoir le fameux volcan et l’épaisse et linéaire trainée de fumée qu’il envoyait dans le ciel bleu éclairé de reflets dorés. C’était incroyable. Nous avions une vue imprenable sur cette activité naturelle. Puis, les chants venant du plus gros temple de Bali au pied du volcan virent à nos oreilles. Quelle chance j’avais d’être là! J’observais la lune une dernière fois avant de me retourner vers…..l’extraordinaire, généreusement coloré et cuivré lever du soleil!

Après avoir pris le temps d’apprécier la vie et les merveilles qu’elle peut mettre sur notre chemin. Nous avons commencé la tout aussi intense, sinon plus, descente toujours aussi incroyablement verticale. J’appréciais grandement chaque fois que le guide m’indiquait où placer un pied et comment l’ancrer plus solidement, surtout pour diminuer le nombre de chutes et le nombre de pas inutiles. Chacun d’eux était déjà compté, cela ne me mit pas longtemps avant de comprendre que l’énergie résiduelle comprise dans mes quadriceps n’allait pas suffire à la tâche…. Moi qui adore les descentes et qui me sens d’ordinaire capable de soutenir longtemps et rapidement en zigzaguant, là j’étais plutôt en mode un pied qui rejoint l’autre et sur le côté! J’ai eu cette image des enfants de la maternelle qui descendent les grandes marches durant les premières semaines d’année scolaire…

Deux heures de descente dans la lave durcie et c’était le retour au sol friable, le poussiéreux en enlisant sol glissant. Ici aussi, le bâton ne servait donc à rien. J’ai senti que je ne pouvais plus vraiment retenir mes jambes flageolantes. J’ai compté sur la chance et je me suis laissée entrainer au pas de course à travers les sentiers. Ça glissait, je chutais, mais j’avançais! Avec de la chance, je finirais cette aventure à la course. ( course sur le côté, on s’entend, il y avait longtemps que je pouvais plus utiliser mes quadriceps tremblotants normalement)
Je n’ai pas fait long feu à ce rythme! Dès le départ le pari était risqué, un petit 30 min de course de crabe et paf, ce qui me restait de quadriceps s’est complètement figé. Plus de contrôle possible. C’est donc avec le fait que mes cuisses s’arrêtaient toutes seules tous les quatre pas, et parfois moins, que je suis finalement rendue en bas. 4 heures plus tard, couvertes de poussière de la tête aux pieds, les talons ensanglantés, les mains tailladées par les pierres et le bâton, j’ai pu sortir mon sourire de vainqueur en arrivant près du temple.
Est-ce que je referais l’expérience? Non. Ou oui avec beaucoup beaucoup plus de préparation. Est-ce que je regrette? Non. Vraiment, c’était magnifique et exceptionnel.
J’ai dû passer quatre jours avant de pouvoir monter et descendre des marches à peu près normalement. ( je parle de la forme, pas du fond) J’ai mis deux jours à ne pas pouvoir marcher à une vitesse normale. J’ai eu deux massages balinais, un de 1h30 ( merci encore Vivi et Charly pour l’inestimable et prédestiné cadeau!) et un autre d’une heure durant les deux premiers jours. ( je sais, là je fais des envieux)
Lorsque que vous regarderez les superbes photos du lever du soleil et du volcan en irruption, pensez à mes cuisses… Cette aventure s’est déroulée il y a une semaine et il n’y a qu’hier que j’ai pu courir un peu en sentant que je n’allais pas empirer ma cause avec mes cuisses qui sont encore un peu douloureuses….
Wow! C’est magnifique! Le voyage semble bien aller!
Wow! Toute une balade!
Faut être en forme pour vivre une expédition pareille.
Merci pour la belle description de ton aventure. On s’y croirait presque…
Les ampoules, les crampes et les courbatures en moins, bien sûr.
Dis-moi, est-ce que ton copain est redescendu en parapente?
Si oui, j’espère que son vol de retour c’est bien passé.
Salut bien tout le monde de ma part. Portez-vous bien. Bisous.
Wow jai lu tous vos articles et vous m’avez vraiment l’air d’avoir un ‘blast’ total! L’ascension du volcan me fait rêver! Quoi que je ne sais pas si j’aurais le courage..! Que jai du plaisir à vous lire, merci encore de partager ces moments uniques. Go go les aventures;)! Et le d’orlotage bien sur:)… Je vous aime xxx